Ce qui peuplent les lits. Et aussi les lundi
Au milieu de la nuit elle est venue sans bruit au pied de mon lit, comme elle savait déjà le faire du haut de ses dix-huit mois. Et d'une petite voix, elle m'a demandé si elle pouvait venir dormir avec moi, la faute aux cauchemars et aux monstres nocturnes — Merci à eux. " Bien sûr ma Chérie " et je n'ai même pas eu à me pousser, j'étais déjà recroquevillée dans un coin de ce lit trop grand.
Je l'ai rassurée de quelques mots et d'une caresse sur la main ; et puis je l'ai sentie s'assoupir. Comme je ne dormais toujours pas, Azerty est venue. Elle aussi elle s'est faufilée dans mes draps et s'est calée au creux de mon ventre, la faute à la froidure et à cet automne commençant — Merci à eux.
Et puis le matin est venu et avec lui le train trop tôt du lundi. La laisser sur le quai, deux bises, quelques injonctions de me donner des nouvelles, le rappel des devoirs à faire durant le trajet et on se tourne les talons.
Dans le métro, perdue dans mes pensées j'ai oublié de descendre de la rame. Alors j'ai marché. J'ai évité les flaques et aussi levé un peu le nez. Paris, ou son reflet, m'entourait. Et elle était bien jolie.
J'ai longé ceux qui profitaient en terrasse des dernières matinées clémentes. " café - clop - canard " je les ai envié un peu de savoir prendre ce luxe-là. Je n'avais pas de journal pour m'y perdre alors j'ai mis de la musique dans mes oreilles pour ne plus trop penser. Comme l'air était entraînant j'ai couru un peu, comme si —dans mes habits de ville— j'étais pressée. Je ne sais vraiment pas vers quoi je courais...
Demain cela fera neuf ans. Et je crois que je n'ai pas très envie d'y penser. Le bilan n'est pas très chouette je dois dire. C'est pas la catastrophe, mais bon, ce n'est pas non plus la joie.
Dans mon lit, il est resté sa peluche. Un cheval vêtu d'un de ses vieux tee-shirt de fillette. Il va y rester la semaine...
C'est ce que Veuve Tarquine a écrit le 24/09/2012
Déambulations
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Commentaires
Peut on s'arrêter de compter ? serait-se aussi s'arrêter de conter ? ... Bon ça fait chier, neuf ans, quatre mois, ça fait chier. il y a après demain de toute façon qui va pointer le bout de son nez. Penser à après demain. Je t'embrasse...
Luce, tu es la dernière personne dont je voulais qu'elle lise ce billet... Oui on arrête de compter c'est sûr ! Moi je ne suis pas douée en amour. Alors c'est sûr qu'avec un passé plein de lumière, c'est pas très facile de contempler son présent sans regarder en arrière de temps en temps... Mais la vie continue. Et puis je vais venir te voir. Je vais venir t'en convaincre. Je vais prendre un bout d'échantillon de rideaux et on va parler couleurs. Je t'embrasse très fort.
ben je lis si je veux d'abord ;-) bisous
Comme lire sans laisser de trace me parait inélégant, je voulais dire merci , merci pour savoir exprimer des sentiments souvent indicibles. Cela m'aide bien plus que les trop fréquents :il te regarde , il est là;NON il est MORT.
Bonsoir. Ça faisait longtemps que je n'étais venu — un lien sur une histoire d'enfant, de petite fille en maternelle, me ramène chez vous. La petite fille est collégienne maintenant et vous saluerait si elle savait. Elle qui a ses deux parents, parle souvent de ces choses-là. Mes hommages, donc.