Au dessus des gouffres, le soleil brille aussi
Le gouffre c'est dix minutes de plongée en apnée dans un monde où le plus terrifiant n'est pas l'inconnu mais le temps irrémédiablement révolu. C'est le saut brutal dans une ravine de souffrance par une fissure que l'on croyait peu ou prou obturée — et dont en tout cas on se garde bien de passer trop près ! Alors les années se cachent, les joies s'effacent. Il n'y a plus que le vide qui vous aspire. Un néant d'une telle vacuité qu'il vous obstrue la vue, emplit vos poumons et broie votre gorge. Dix minutes où plus rien d'autre n'existe que ce mal dont on croyait pourtant être défaite. Dix minutes à être dans un temps qui n'est plus le mien mais que je croyais alors immuable. Dix minutes pour y trébucher, s'y écorcher, s'y meurtrir. Et puis en revenir. Parce que dix minutes seulement.
Lors, depuis la rive enfin rejointe, de plombé, le ciel devient azuré. Un beau ciel de juillet dont la lumière est vive. Les projets s'y forment plus distinctement que jamais. Ceux où l'on est deux.
C'est ce que Veuve Tarquine a écrit le 09/07/2009
Tréfonds et sentiments
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Commentaires
Ravie pour toi que ce ciel bleu te tende les bras.
plusieurs vies dans une même vie, oui, il y a des moments où ça pince encore très fort.
A travers vos souffrances et votre espoir vous nous faites sentir la vie. La vraie.
votre billet (je devrais dire vos, en pensant aussi au précédent) résonnent spécialement en moi aujourd'hui. Le gouffre m'a happée à nouveau jeudi et vendredi, moi qui croyais qu'avec les années on finissait par ne plus (trop) souffrir... 9 ans, cela fait neuf ans (et deux jours) que ma fille aînée a vu le jour, comme on dit. 9 ans, cela fait 9 ans et 1 jour que ma fille aînée n'a pas rouvert ses tout petits yeux. Elle ne peut pas me manquer, ou si peu, je ne l'ai pas connue. Et pourtant ça fait mal, très mal, d'y repenser (j'écris dans la buée...). Alors vous qui l'avez connu, et si tendrement connu, votre disparu, je n'ose imaginer la douleur qui s'empare de vous à chaque gouffre qui vous aspire. Et de vous lire poursuivre votre route, aimer vos enfants, aimer la vie... cela me donne aussi de la force pour regarder en haut du gouffre et voir à nouveau le ciel bleu. Ne pas baisser la tête, jamais.
Amitiés.