La vie n'est pas un long fleuve tranquille...
Il faut que je trouve une vis qui tienne... C'est la plaie des vélos la visserie... On se casse la tête pour trouver LE siège enfant haute sécurité mais ce n'est jamais le harnais qui vous fait défaut... c'est la petite vis du porte bagage sur lequel il est fixé qui se fait la malle... Elle en a eu marre des pavés. Et aussi des insultes. J'en ai marre de me faire insulter par des piétons mécontents des aménagements cyclables... Aujourd'hui j'ai craqué. Je suis devenue comme eux. Je ne suis pas très fière. Mais Tarquinet a tant pleuré ce weekend. C'est désarmant un enfant qui pleure "pour rien". C'est terrifiant un enfant qui pleure "pour rien". Et c'est très culpabilisant... Alors ce soir, j'étais pressé de le voir. Et il était déjà trop tard. Evidemment. Trop tard pour lui montrer que ce soir, précisément ce soir, précisément pour lui, j'allais rentrer plus tôt. Et puis vérifier ses devoirs, et puis m'enquérir de lui. Le temps qu'il faut. Lui consacrer quelques instants de plus que les quotidiennes millisecondes qu'il dispute à ses frère et soeur. Sauf que j'avais raté mon coup... Encore une belle résolution qui passe à trépas. Je suis pétrie de belles résolutions. Ma vie est tapissée de belles résolutions qui ne font que mourir les unes après les autres. Certaines dans des grands splaoutch. Mais la plupart s'éteignent en silence moisi, dans l'odeur douceâtre des purulences furtives. Une collection qui s'anime la nuit. Bref, je me serais foutue des baffes... Appuyer sur ses pédales avec obstination me semblait être la seule fuite admissible. Alors je m'y employais quand j'ai avisé trois personnes qui marchait sur cette piste hasardeuse. Je me signale d'un ding. Coup d'oeil en arrière de l'une d'elle qui se déporte en signalant aux deux autres ce surprenant aménagement urbain : Mazette ! Une piste ici ! De dos, je lui fait le crédit d'une vingtaine d'année. Sans se retourner celle-ci s'est carrée dans sa paire de fessiers bien décidée à occuper le terrain... à jouir du sentiment d'exister aussi... dans son jean et sa démarche empruntés d'une Roselyne Groseille... Alors je n'ai eu d'autre choix que de la doubler en la bousculant. Avant de me retourner et de lui lancer un méprisant "gros tas". J'ai décoché aux abîmes qui me surplombaient une silencieuse excuse vers mon feu mari, homme confortable s'il en était et désormais douillet devant l'éternel... avant de me réjouir d'avoir entraperçu combien l'outrage était cuisant. Pas très glorieux, je le concède. Et éminemment facile. Sauf que l'on ne m'ôtera pas de l'idée qu'avant d'emmerder volontairement de paisibles mères de famille qui n'ont pour l'heure d'autre préoccupations que de consoler leurs moutards, il faut peut-être en mesurer les risques... Et que nous ne sommes pas toutes des Marielle Le Quesnoy... Bon, il faut que je répare mon vélo... Trouver la vis... C'est forcé ! Tarquinou doit pouvoir s'y asseoir en toute sécurité demain à la première heure. Et.. et... et...
C'est ce que Veuve Tarquine a écrit le 18/06/2007
Tréfonds et sentiments
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Commentaires
Ah, ces vis... As-tu essayé les rondelles "éventail" ? Sinon, le truc imparable, c'est quelques gouttes d'un produit dont j'ai oublié le nom : un petit tube d'un liquide qui bloque vis et boulons, y compris dans les pires vibrations. Faudrait que je fouille dans la caisse à outils pour retrouver le nom ?
j'embrasse Tarquinet qui a pleuré "pour rien" hier, nous on sait bien que ce n'est pas pour rien. Vous avez tant fait, ne vous culpabilisez pas, vous passez tout le temps que vous pouvez avec vos chers enfants. Et vos résolutions loupées, c'est encore pour donner plus aux gens qui ont besoin de vous, plus que donnent bien de vos confrères...
C'est vicieux, ces vis...et ! admettons, on la trouve...dans quel sens faut-il tourner pour qu'elle se visse ? (Excuses, je me moque) Bon bricolage
Bises à Tarquinet et à toi aussi, parce que c'est dur d'être la maman d'un enfant qui pleure. Ils sont à l'âge où on les croit grandissant, prenant de l'autonomie. Mais ils sont encore d'une dépendance totale. Et tellement fragile vis à vis des vieux démons. Et même si on assume pleinement notre vie professionnelle, n'être pas assez là quand ils ont besoin de nous nous mord le cœur de façon assez sauvage.
J'ai eu un peu la même mésaventure et la même réaction la parole en moins (je me suis contentée de poursuivre mon chemin tout droit dans sa direction initiale sans dévier d'un pouce) face à une piétonne qui estimait que me dire pardon avant de me couper ma trajectoire (de piétonne aussi) était amplement suffisant. Un moment où j'étais pressée (contrainte de marcher vite) pour un truc à faire pour mes enfants, crevée (donc pas l'énergie de freiner mes guiboles puis relancer), désespérée à force de ne pas y arriver (à tout concilier), bref un peu la même config. de base. Je n'ai pas fait attention à sa corpulence, j'avais pour moi l'avantage de l'énergie cinétique supérieure puisque c'était elle qui soudainement avait décidé de changer sa direction. Je me dis que j'ai fait une bonne oeuvre pour le prochain (elle sera un moment avant de se permettre le même genre de muflerie) comme toi aussi sans doute (pour le prochain cycliste). C'est bête des vis à la maison j'en ai des tas.
Je n'en suis pas bien fière, mais ... ça fait du bien de voir qu'une mesquinerie peut vous échapper ! Plein de pensées maladroites pour vous, les Tarquinets, le vélo, le frigo ... Avec un amour comme le vôtre on trouve des vis.
En remplaçant cycliste par automobiliste, la bousculade devient accident. Vous trouveriez-vous alors les mêmes excuses ?
« En remplaçant cycliste par automobiliste, la bousculade devient accident. + Avec des « si + et des hypothèses grotesques, c'est tellement simple de s'ériger en donneur de leçons... Malmenez donc les faits à votre guise et faites vous plaisir... vous semblez en avoir bien besoin !
Merci des gentils mots sur mon blog.Et meme si il n'y a rien de glorieux à enfoncer un clou,celà peut faire du bien..fusse dans le large fessier d'une emmerdeuse!!!luisasi
Oups,me suis trompée pour la visite du blog...pour le reste je persiste et je signe!luisasi
Tu en connais toi des mères de familles qui arrivent à tenir toutes les bonnes résolutions qu'elles se sont fixées ? Aucune, j'te dis, aucune ! A chaque fois que je merdouille (et j'ai tendance à le faire de plus en plus), je me dis qu'il faudra que je m'inquiète le jour où je ne chercherais même plus à prendre de ces bonnes résolutions pour être une "meilleure" maman.
J'ai un malaise grandissant en vous lisant; si désormais les personnes cultivées, intelligentes s'autorisent d'infâmes injures sous prétexte d'être une maman débordée, et le revendiquent... Désespérée, j'imagine la société vers laquelle nous allons...
Une maman de cinq enfants souvent débordée, travaillant à plein temps -si une vie se résume à ça-
Oui... mais moi je ne revendique pas l'excellence...
Vous réveillez en moi un sentiment (furtif heureusement) de perte de contrôle qui va parfois jusqu'à une sensation de vertige, de perte d'équilibre. Difficile d'être une maman seule (nulle condescendance ou compassion de ma part; il se trouve juste que je suis devenue une fidèle lectrice par, comment dire ... similitude d'accident de parcours).
Sentiment d'être perdue, de ne même pas arriver à la seule chose vraiment importante : élever et faire du bien à ses enfants.
Vous avez raison d'être dans le registre de la rage, car cela maintient en vie.
Il n'y a pas de quoi être fière, bien sur Léna, et d'ailleurs, il ne m'apparait pas que Veuve Tarquine le soit; C'est bien beau la tempérance, la charité, l'abnégation, l'ordre juste et l'équilibre serein; Mais on y arrive pas toujours : Il y a des jours où une larme de trop, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Merci pour votre verve et votre vitalité.
Les quelques gouttes de produit en question sont sans doute ce que l'on connaît sous l'appellation de Loctite, un polymère qui prévient le desserrage accidentel des vis et boulons sans empêcher leur démontage, bien connu des amateurs de vieilles anglaises avec leur proverbiale tendance à perdre leur visserie.
Pauvre Tarquinet, il me fait penser à ma petite soeur qui à son âge (à peu près, je pense) faisait des insomnies parce que maman partait trop souvent, et trop loin, et que quand elle revenait, elle n'était pas vraiment là...
Si les enfants pouvaient comprendre que leurs parents ne sont pas sur-humains, ce serait tellement plus facile... mais il n'y aurait plus d'enfants.
gros tas... gros tas... c'est pas mal, ça sonne bien, c'est court, direct... nan nan, moi j'pense que c'est bien dit!